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MONSIEUR AUGUSTE

— Mais où voulez-vous donc en venir, ma bonne Rose, avec toutes ces histoires.

— Attendez, mademoiselle, j’arriverai à M. Auguste… Mais comment trouvez-vous ces vers ?

— Ils sont très-flatteurs…

— C’est un académicien de quatre-vingt-quatre ans qui les a faits… et il me regarde avec les yeux d’un jeune homme.

— Ah ! si mon père savait cela !

— Votre père ! oh ! par exemple ! en voilà encore un que je crains… Vous me regardez avec vos plus beaux grands yeux !… Votre père est un homme… Un jour il a voulu m’embrasser.

— Rose ! Rose ! tu t’égares !

— C’est votre père qui voulait s’égarer, mais je l’ai remis dans le bon chemin… et M. Octave… en voilà un de volcan !… Celui-là vous adore. Si ses yeux avaient des dents, vous seriez déjà dévorée… Eh bien ! ça ne l’empêche pas de me rendre justice ; il me prodigue les mots charmants, lorsqu’il voltige autour de moi, comme un papillon… Et le colonel de Gérenty, un homme sombre comme un requiem, et qui, dans un salon, parle comme une messe de mort, eh bien ! quand il me trouve seule, dans l’escalier, il me barre le chemin et demande le péage, comme au pont d’Asnières… un baiser…