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MONSIEUR AUGUSTE

un plateau de passage. Je veux éclaircir plusieurs faits historiques fort nébuleux… Il y a des lacunes impardonnables dans Tite-Live… Après Trasimène, on ne sait plus le chemin que prend Annibal… C’est grave, comme vous voyez…

— Très-grave ! dit M. Lebreton, en essuyant ses doigts avec son mouchoir.

— Je hasarde, moi, une opinion qui sera remarquée par l’Institut, reprit Auguste d’un ton doctoral.

— Ah ! vous soumettrez votre travail à l’Institut, monsieur Auguste ?

— Oui, pour le prix Gobert… Je soutiens avec conviction, et je prouve avec évidence qu’Annibal a fait un coude vers le littoral de l’Adriatique, et qu’ensuite il est descendu sur le Vulturne, en Campanie. Campania felix… Je vous dis cela confidentiellement, monsieur Lebreton, mais je serais plus réservé envers un confrère ; il y a des voleurs d’idées à tous les coins de Paris.

— Oh ! dit M. Lebreton, vous ne craignez rien avec moi ; je suis un industriel retiré des affaires ; j’aime les savants, j’adore la science, mais je ne serai jamais un concurrent au prix Lambert.

— Gobert.

— Jaubert… Je suis brouillé avec les noms propres… je ne retiens que les chiffres ; habitude