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MONSIEUR AUGUSTE

traction, et disant : Nous allons bien nous amuser.

— Hussards, leur dit le colonel d’un ton grave, ce duel auquel vous allez assister, a une cause qu’il nous est impossible de dire. Vous êtes ici pour attester au besoin, que tout s’est passé, entre les adversaires, selon les rigoureuses lois de l’honneur et du code de M. de Chateauvillard.

Les deux hussards s’inclinèrent respectueusement.

— Veuillez bien remettre vos armes aux témoins, dit le colonel à Octave.

— Mais je n’ai pas d’armes, répondit Octave en secouant les basques de son paletot.

— Comment, monsieur, vous arrivez sur le pré sans armes ! s’écria le colonel, avec le léger sifflement obligé.

Ce sifflement irritait la nature nerveuse d’Octave, et plusieurs plis d’irritation se dessinèrent sur sa figure, comme ces petits nuages horizontaux qui annoncent sur l’horizon du couchant la tempête du lendemain.

— Il vient sans armes à un rendez-vous d’honneur ! poursuivit le colonel, avec un sifflement plus aigu.

— Faut espérer, dit l’un des hussards, qu’on ne nous a pas fait venir ici pour assister à un combat à coups de poings.