Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
MONSIEUR AUGUSTE

vos armes. Nous autres, bourgeois, nous croyons qu’on peut se tuer avec tout. C’est ce qui égalise les duels entre les bourgeois et les soldats.

— Oh ! je connais cette vieille histoire ; dit le colonel… Deux pastilles, l’une à l’arsenic, l’autre à la vanille ; je refuse ; celui qui tient la boîte tient le contre-poison.

— Je n’ai pas la moindre pastille sur moi, dit Octave. Mon arme est tout près d’ici… Veuillez bien me suivre, messieurs.

— Allons, dit le colonel ; ceci commence à m’ennuyer.

— Et moi aussi, dit Octave ; mais dans cinq minutes, l’un de nous deux ira s’amuser dans l’éternité.

Le ton avec lequel ces paroles furent dites firent une certaine impression sur le colonel et les deux témoins.

Octave traversa le bois en homme qui connaît le terrain ; il arriva bientôt sur la lisière, franchit la brèche d’un petit mur du parc, et mit le pied sur la campagne nue et déserte. Un amoncellement de planches vermoulues ; cachait l’orifice d’un puits abandonné pour cause de sécheresse, un puits d’une profondeur extraordinaire. Octave écarta les planches et dit au colonel : Voici mon arme.

Et prenant une pièce d’argent, il dit :