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MONSIEUR AUGUSTE

— Vos invités de Paris, dit-il, craignent de manquer le dernier convoi, et ils s’esquivent tous, à la française ; c’est une vraie déroute… Nous n’aurons pas de cotillon ce soir.

— Il est vraiment infatigable, ce démon du bal ! dit Auguste, en donnant un léger coup sur l’épaule de son ami, après ton dernier solo de valse, il n’y a plus de danse possible. C’est le bouquet final.

— Allons donc ! dit Octave, la danse est perdue en France ! les bals finissent quand ils devraient commencer. Un quadrille met tout le monde aux abois. C’est honteux ! il n’y a plus de jeunes gens. Si je n’avais eu sous la main trois vieillards, je n’aurais jamais pu compléter le dernier quadrille. On ne voit sauter que des cheveux gris dans un bal. Les femmes valsent avec les femmes. Les hommes parlent du crédit mobilier avec accompagnement de piano. Musard est mort, vive le trois pour cent ! C’est la décadence. Le quadrille des lanciers va nous rendre le menuet. Je suis furieux contre mon siècle, et je vais fumer un cigare dans le parc pour me calmer

Octave tourna sur ses talons et disparut.

M. Lebreton croisa les bras, haussa les épaules, et dit à Auguste Verpilliot.

— Eh bien ! est-il fou, votre ami ? là, je vous