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MONSIEUR AUGUSTE

Auguste se leva brusquement, la figure bouleversée par une douleur incompréhensible.

— Octave, dit-il ; je viens d’avoir un long entretien avec M. Lebreton.

— J’aimerais mieux l’avoir avec sa fille, dit Octave, sans quitter l’adorable image du chevalet.

— Il paraît que je viens d’être fort calomnié par des voisins, auprès de M. Lebreton, poursuivit Auguste ; mais je ne suis pas homme à me laisser écraser ainsi… M. Lebreton a pleine confiance en moi ; ainsi il m’a été très-facile de me justifier.

— Eh bien ! que m’importe cette histoire ? dit Octave.

— Tu vas voir… écoute… Si je me suis donné, par beaucoup d’adresse, un logement chez M. Lebreton, c’est pour être ton voisin, et te voir tous les jours…

— Sacrebleu ! interrompit Octave ; veux-tu que je te parle franchement ? Ne sois plus mon ami ; sois mon ennemi. Un ami comme toi finirait par me tuer ou me rendre fou. Un ennemi nous laisse tranquille. On ne le vois jamais. S’il vous poursuit à la campagne, on le fait arrêter par un gendarme, en criant à l’assassin ! Je n’ai eu dans ma vie qu’un ennemi. C’était à Naples. Il étudiait la peinture, et moi aussi. Il se disait appartenir à l’école de l’esprit, et j’ap-