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MONSIEUR AUGUSTE

fond. Pour la première fois, M. Lebreton interrompit par un geste d’impatience les dissertations sur la Campanie et l’embouchure de l’Aufide ; il n’avait plus, comme sa fille, qu’une seule pensée dans l’esprit, et il regardait comme perdu le temps donné à toute autre conversation, même à l’histoire romaine. Au moment où M. Auguste déplorait, selon l’usage, la faute qu’avait commise Annibal en ne marchant pas sur Rome, M. Lebreton frappa sur la table et dit en riant :

— Voilà une faute que vous ne commettrez pas, vous, quand vous serez marié ! Ma fille a une vive passion d’enfance ; elle veut voir la semaine sainte à Rome ; n’est-ce pas Louise ?

— Oui, bon père, dit la jeune fille, en joignant les mains, on dit que c’est la curiosité du monde. Il y a une illumination plus brillante que le soleil d’Italie, et un feu d’artifice, qui est un vrai grand opéra pyrotechnique, avec des cavatines de chandelles romaines, des duos de serpents et de papillons, des chœurs de fusées et des accompagnements d’orchestre tirés par les canons du fort Saint-Ange. C’est Rossini qui en a fait la musique, quand il se nommait Palestrina, sous le pape Marcel.

— Eh bien ! eh bien ! s’écria M. Lebreton en pleurant et riant à la fois, comment les trouvez--