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MONSIEUR AUGUSTE

Mlle Agnès et Rose ; mais comme on ne les écoute pas, elles se sont résignées au silence, et protestent par ces petits airs malins et ces gestes brusques, qui sont les épigrammes muettes de leur sexe. Les premiers cadeaux sont donnés ; la corbeille est prête ; on déploie, chaque jour, des nuages de dentelles, des étoffes de toute couleur, des parures de toute fantaisie, des cachemires de toute mesure. L’opulence du millionnaire n’a rien marchandé.

Autour des murs de la villa un jeune homme erre comme une âme en peine, et demande à chaque instant un conseil à son désespoir. Le désespoir lui dit :

— Attends.

Et Octave attend, et meurt tous les soirs.

Nous sommes a la veille de la publication des bans. Il est décidé qu’on n’en fera qu’une, Auguste compte toujours sur un message d’Octave, le message n’arrive pas. Octave se croit lié par son serment.

On va causer de la liste des invités en déjeunant, et en famille, entre quatre convives. Mlle Agnès se récuse.

— On se passera de ton avis ; lui dit sèchement M. Lebreton.

Auguste invente un oncle, deux tantes, et deux cousins, avec, les premiers noms venus, et quelques--