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MONSIEUR AUGUSTE

rie… et épouse une… dot de plus d’un million… cela me paraît une fable, un conte… une absurdité…

— Une absurdité qu’un homme se marie ? interrompit Octave.

— Enfin, je n’en dis pas davantage, reprit Simaï ; une absurdité, c’est le terme… il ne m’en avait pas soufflé un mot, le misérable !… ma tête se monte… j’arrive, et je ne doute plus ; il était là, buvant le champagne avec deux femmes laides à faire peur. Je l’ai insulté, je l’ai traité comme un chien de Constantinople ; je voulais l’exciter à se battre avec moi, à se battre à mort, jusqu’à nous dévorer, et à nous faire mettre en terre tous deux dans la même fosse ! Le lâche a dans les veines du jus de nénufar ; il n’a pas plus bougé que cet arbre. Heureusement, vous êtes arrivé, vous, et tout ne me manquera pas.

Octave avait écouté cela comme le récit d’un rêve fiévreux. Il y eut un instant de silence.

— Ce jeune homme qui va se marier, dites vous, était votre ami ? demanda Octave d’une voix tremblante.

— Et certainement, dit Zoar ; on peut avoir des amis partout, je n’ai pas toujours été pauvre ; pas toujours habillé, ou pour mieux dire, deshabillé comme saint Labre. J’ai joué mon rôle de dandy.

— Et qui vous a ruiné ? les femmes ?