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MONSIEUR AUGUSTE

d’accepter. Ma promesse est dans des conditions acceptables, et je la maintiens.

Après un moment de silence, le docteur agita la pointe d’un couteau sur le bord d’une assiette, et dit avec nonchalance.

— Vous n’avez absolument rien omis dans les détails que vous m’avez donnés le premier soir.

— Rien, docteur.

— C’est que voyez-vous, monsieur Lebreton, le moindre oubli pourrait m’égarer sur le chemin de la guérison. Je ne veux pas faire fausse route, faute d’un petit renseignement.

— Je crois avoir tout dit ; répliqua le père, en se frottant le front.

— Ainsi… par exemple, reprit le docteur, comme illuminé par une idée soudaine ; ainsi, vous croyez que votre fille n’était pas éprise de ce jeune homme ? de cet Auguste ?

— Éprise d’Auguste ! Oh ! cher docteur ; ma fille a été élevée dans les principes les plus sévères : quelques jours seulement avant le jour fixé pour le mariage, je me suis un peu relâché dans ma surveillance ; mais j’ose affirmer que le mot d’amour n’a jamais été prononcé entre elle et lui. C’était des deux parts une timidité poussée jusqu’au ridicule. Auguste était encore plus demoiselle que ma fille, au