Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
MONSIEUR AUGUSTE

voilant son tableau avec un lambeau de serge grise.

— Et tu caches tes rêves aux amis ? reprit Auguste en riant.

— Je ne rêve pas pour le public, répliqua Octave ; tiens ! voici ce que je puis te montrer… regarde cette esquisse… Paris enlevant Hélène. Est-ce beau ?

— Il n’y a pas d’Hélène, et je cherche Paris.

— Mais tu vois une chambre, meublée à la grecque ?

— Oui.

— Eh bien ! c’est la chambre de Ménélas,

— Elle est déserte…

— Les deux amants viennent de partir, et le mari est en train de les poursuivre sur le port d’Argos. La chambre seule est restée. La voilà. Un chef-d’œuvre de chambre garnie : toi qui joues au savant, tu dois aimer les sujets antiques ?

— Oh ! mon petit Octave, je ne suis pas dupe de ta fausse bonne humeur. On n’est pas si gai à cinq heures du matin… à moins d’être coq de ferme… ta main brûle ; ton teint est pâle ; ton œil est cerclé de noir…

— C’est une ophthalmie qui m’a brûlé les paupières, cette nuit.

— En dormant ?

— Non, à ma leçon d’astronomie ; en veillant.