Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
MONSIEUR AUGUSTE

hâte. Je ne sais pas trop ce que je lui écris ; c’est toujours bon pour un pays de Turcs. Je déteste les Turcs ; aussi Constantinople ne me verra jamais. Mon mari ne peut vivre qu’en Orient ; je l’appelle Gérenty-Bey. Monsieur Lebreton, vos géraniums sont superbes. Léclancher est votre fournisseur ?

— Oui, madame, surtout pour les dahlias.

— Aimez-vous les fleurs, monsieur Verpilliot ?

— Tout le monde aime les fleurs, madame.

— Eh bien ! veuillez bien me cueillir cette rose Carné qui nous salue, et me l’offrir.

Auguste obéit avec une promptitude extraordinaire, et Mme de Gérenty se dégageant du bras de Lebreton, remercia par un sourire, prit la fleur, et, ôtant son chapeau de jardin, elle la plaça dans une boucle de ses beaux cheveux noirs.

Une nouvelle idée venait sans doute d’éclater dans le cerveau d’Auguste, car il montrait pour la belle brune un empressement qui devait l’étonner lui-même, tant il semblait naturel.

Un domestique annonça le déjeuner servi, et Auguste offrit son bras à Mme de Gérenty et s’assit à sa gauche, en donnant à sa figure toutes les contractions expansives qui révèlent l’homme heureux.

M. Lebreton jeta un regard autour de la table, et remarquant une place vide, il dit :