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MONSIEUR AUGUSTE

Octave serra cette lettre, en se disant à lui-même :

— Est-il étrange cet ami ! il va se brouiller avec moi, parce que je l’ai quitté pour causer avec Rose ! Et à propos de cela, il monte sur un trépied, et va me parler d’Oreste et Pylade, du Capitole et des Tarquins !… Au fond, il y a de l’amitié… amitié ennuyeuse ; mais enfin, toutes les vertus ne sont pas amusantes… Je lui écrirai.

Et il alla au-devant de M. Lebreton pour lui communiquer le passage de la carte théodosienne.

— Vraiment ! s’écria M. Lebreton, toujours plus enthousiasmé. Ce jeune homme sera l’honneur du siècle ! Il est ici, au sein des plaisirs, avec de bons amis, et entouré de jolies femmes ; un honorable scrupule historique le saisit ; il prend le chemin de fer et court à la bibliothèque de la rue Richelieu ! Monsieur Octave, soyez fier d’un pareil ami… Et vous a-t-il dit s’il rentrerait bientôt à Chatou ?

— Probablement demain, dit Octave avec hésitation

— Tant mieux ! car nous avons besoin de lui ici… il nous est nécessaire… indispensable même.

Ces derniers mots furent prononcés avec mystère. Octave, qui redoutait toujours de se voir congédier par M. Lebreton, crut devoir saisir cette