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MONSIEUR AUGUSTE

prit la pose du coupable qui s’attend à une horrible accusation.

— Ton silence et ton attitude te condamnent… Sors… sors, te dis-je !… je te retrouverai sur un terrain neutre… mais ne m’oblige pas à oublier que tu es chez moi… et il a l’audace d’accuser l’infernal génie qui le poursuit !… et moi, de quoi me plaindrai-je alors ! Ta plainte m’insulte… Ils appellent cela de la diplomatie, du savoir-vivre, de la conduite ! C’est tout simplement une infâme trahison… Mais c’est stupide ! c’est bête comme l’enfance de l’art ! Un jour vient où il n’y a plus de secrets, où la vérité se manifeste, et alors ces petits diplomates de famille sont des traîtres et des bandits !… Mais voyons… voyons… misérable ! justifie-toi… parle… l’hypocrisie n’est plus de saison, en ce moment. Tu vois que je sais tout.

Auguste se laissa tomber sur un fauteuil et pleura.

— Il me répond avec des larmes… comme une femme !… Mais, moi, je ne m’amuse pas à pleurer… Vois ces deux armes… là… ces deux pistolets pendus à ma panoplie… ils sont chargés jusqu’à la gueule… Eh bien ! le jour de ton mariage, je ne pleurerai pas… je prendrai ces deux amis pour aller signer au contrat.