Page:Méténier - Les Voyous au théâtre, 1891.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus dangereux et le plus mal habité.

Il est à mon avis le plus facile à mener, quand on sait s’y prendre. Il suffit de savoir être doux, pitoyable, accessible à tous, et en même temps énergique.

Je m’étais donné pour règle de conduite d’être très dur pour quiconque me résistait et indulgent pour ceux qui manifestaient le moindre repentir de la faute commise ; aussi, au bout de deux ans de séjour, j’avais su me concilier l’estime, je dirai presque l’affection de la plupart de nos habitués.

Que de fois un inculpé n’a-t-il pas posé cette question au gardien qui le conduisait au commissariat :

— Le petit secrétaire est-il de service ? Pourvu que j’aie affaire au petit secrétaire ! Il paraît que c’est un si bon garçon.

Contrairement au règlement qui veut que les inculpés soient toujours flanqués d’un agent, je préférais, quelque danger qu’il pût en résulter, interroger seul à seul chaque individu qu’on m’amenait. Et il suffisait la plupart du temps de cette marque de confiance, d’une parole douce, d’une