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un galopin de quinze ans. Ce n’est pas du vice ; elles accomplissent une fonction naturelle ; on ne s’est jamais gêné devant elles. Elles font ce qu’elles voient faire à leurs aînés. L’inceste, bien loin de leur apparaître comme une monstruosité, est fréquent à ce point que les cinq dixièmes des filles publiques nées à Paris ont eu pour premier amant un frère, parfois leur père.

Et elles vous racontent ces choses d’un ton uni, très tranquille, sans se douter qu’elles disent une énormité.

Si on leur reproche d’avoir un amant de cœur, elles vous répondent :

— On ne peut pas vivre seule dans la vie, il faut bien avoir quelqu’un à aimer.

Et c’est avec joie qu’elles donnent leur argent à celui qu’elles ont choisi. Elles sont par exemple d’une jalousie féroce ; mais de leur côté, les amants ne toléreraient pas une infidélité gratuite.

L’autre, celle qui se paie, ne compte pas.

Beaucoup d’entre elles ont une probité particulière. J’ai entendu, non pas une fois, mais mille fois cette phrase :

— Vous pouvez aller aux renseigne-