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CHAPITRE VIII

première fois que nous nous trouvons dans un intérieur ecclésiastique de ce genre, la chose ne laisse pas de nous paraître d’abord un peu singulière. Pendant que nous dînons chez cet excellent homme, arrive M. Reynard, ancien loupeur, aujourd’hui Vice-Consul de Turquie à Ourmiah[1].

Il prétend avoir rencontré Kérim sur le chemin ; nous n’y croyons point d’abord, mais Guégou, qui est un bon ami de Kérim, confirme la chose en nous disant qu’il a lui-même parlé avec un homme de la bande. Kérim nous croyait Russes, et, avant de nous savoir sous la conduite de Guégou, voulait nous attaquer ; mais Guégou nous a dépeints comme de « pauvres derviches français (meskin frengui baba dervisch) » et l’illustre brigand n’a pas voulu nous faire de mal. Décidément, Kérim n’est pas un mythe !

Pour tout le trajet entre Guiavilen et Ourmiah, la carte de Kiepert est assez fautive. Au moment où nous approchions du Küskalabourni et où j’aurais eu d’excellents points de repère pour la rectifier, nous sommes assaillis par une affreuse tourmente de poussière et de sable qui nous fait beaucoup souffrir. À certains moments les chevaux eux-mêmes ne veulent plus avancer, et une angoissante sensation d’étouffement fait paraître les minutes plus longues que des heures. Nous atteignons péniblement Saatloui à la nuit ; après la fatigue de cette tempête, il ne peut plus être question de pousser jusqu’à Ourmiah.

Arrivée 7 h. soir.


26 Septembre.

De Saatloui à Ourmiah on compte quatre heures de cheval à travers un pays bien cultivé, auquel il ne manque qu’un meilleur gouvernement pour devenir très riche. Nous franchissons le Nazlou-Tchaï, comme de juste à côté du pont ; celui-ci est d’ailleurs un joli type d’architecture persane.

  1. Les loupes (excroissances des noyers), sont très estimées dans l’ébénisterie ; le Kurdistan en fournissait autrefois de très belles, et les loupeurs réalisaient de beaux bénéfices ; actuellement le nombre de ces loupes a bien diminué. Les loupeurs menaient au Kurdistan une vie d’aventures fort semblable à celle des trappeurs américains.