Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
CHAPITRE XI

le terrain se prête admirablement bien aux embuscades. En hiver il s’accumule auprès du col une énorme quantité de neige ; aussi le chemin est-il jalonné de grands monceaux de pierres qui doivent guider le voyageur.

À la descente dans la vallée de Koschâb, la vue sur les montagnes est fort belle ; la vallée elle-même offre peu de pittoresque.

Tout à coup, à un détour du chemin, dans le jour un peu fantastique d’une soirée d’orage, se présente devant nous, fièrement perchée sur son rocher inaccessible, la forteresse de Mahmoudiyeh. C’est l’immense ruine d’un château qui a dû être splendide ; du haut de son rocher, cette forteresse, comme un nid d’aigle, dominait et barrait entièrement la vallée. Comme ruine, c’est une des plus pittoresquement sauvages que l’on puisse voir[1].

Arrivée 5 h. 15 soir.

L’heure tardive et surtout le souvenir de Bachekaleh m’ont empêché de prendre une photographie.

La ville est bâtie sur les deux rives du Koschâb[2] que réunit un beau pont. La population, entièrement musulmane, est très fanatique et montre la plus mauvaise volonté. Personne ne veut nous donner de gîte. Nous avisons enfin une maison toute neuve, encore inhabitée, et nous nous y installons sans plus de cérémonie, bouchant tant bien que mal les nombreuses ouvertures. Même difficulté pour les vivres. Heureusement Guégou avait encore quelques légumes et un peu de viande crue ; il trouve un combustible détestable dont on lui refuse d’ailleurs la quantité suffisante, une sorte de plante épineuse et rabougrie. Avec beaucoup de patience, il arrive à nous cuire un bordj à la russe dont nous avions bien besoin après notre journée.

Mamoudiyeh ou Koschâb fut longtemps le siège d’un Émir puissant qui maintenait son indépendance en s’alliant tantôt avec les Persans, tantôt avec les Turcs. Ces Émirs se donnaient comme

  1. Binder en a une excellente photographie, p. 127.
  2. Koschâb, en persan « bonne eau ».