Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
CHAPITRE XII

chargé de réprimer l’esclavage. Le Tzar pour le récompenser, le décora de l’ordre de Saint-Vladimir. Chérifoff, pour récompense de sa conduite, ne demandait qu’une faveur au Tzar ; pouvoir épouser une jeune Russe qu’il aimait depuis son enfance. Le Tzar le lui accorda, à condition que ses enfants fussent élevés dans la religion orthodoxe.

Après le dîner nous eûmes plusieurs spécimens de danses, russes, géorgiennes, arméniennes et kurdes. Les deux premières étaient gracieuses ; la danse kurde avait un certain charme dans sa sauvagerie ; quant à la danse arménienne, elle ressemblait à s’y méprendre à une danse d’ours ; tout y était, le rythme gracieux de cet animal, voire même son grognement, car l’accompagnement ne méritait pas d’autre nom. Quatre ou cinq danseurs se tiennent réciproquement par les épaules ; les danseurs placés aux extrémités, ont un foulard en main. Toute la danse consiste à se déplacer successivement, le plus lourdement possible, d’un pied sur l’autre, sans faire aucune figure, agitant simplement les foulards et grognant en mesure. Les danseurs semblent prendre un grand plaisir à cet exercice fort peu esthétique.


24 Octobre.

Grimaud, se sentant plus fort depuis qu’il a pris les précautions dont j’ai parlé, vient de déclarer au Tabour-Agassi, Dervisch-Agha, qu’il allait le poursuivre pour atteinte à son honneur.

Dervisch-Agha a un dossier fort chargé ; malgré plusieurs crimes pendables, il s’est maintenu en place jusqu’ici, grâce à l’appui du Vali, pour qui il est un auxiliaire inappréciable toutes les fois qu’une besogne malpropre est à faire ; mais des réclamations bien appuyées viennent d’être faites à Constantinople. Dervisch-Agha commence à prendre peur, il vient trouver Grimaud chez lui et lui fait les plus maladroites excuses, allant jusqu’à prétendre qu’il avait voulu le faire arrêter, uniquement pour son bien !

Faire des excuses qui ne coûtent rien à des gens sans honneur, quitte à continuer de plus belle ensuite leurs intrigues