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CHAPITRE XII

turque ; barbe et cheveux blonds, air commun et regard faux ; il porte un fez très large, tombant jusque par-dessus les oreilles, ce qui ne fait qu’augmenter son air tartufe. Khalîl-Pacha a été attaché d’Ambassade en Europe et parle très bien le français.

Il est difficile de donner un compte rendu exact de notre conversation qui s’est faite très à bâtons rompus ; le Vali y a déployé la plus grande impudeur de mensonge avec la brutalité de l’homme mal élevé qui se sent matériellement fort et qui cherche à nuire. Tout d’abord il nous demande si notre voyage « continue » à être bon. À quoi nous répliquons, en regrettant l’absence prolongée du Pacha qui, par sa présence, nous eût épargné bien des désagréments.

Le Vali commence alors par répéter toutes les absurdités du Vékil du Moutessarif de Bachekaleh ; quand nous lui disons que nous étions prêts à livrer contre reçu la photographie que nous avions prise de Bachekaleh, il nous dit que nous n’avions pas de droit à ce reçu ; il prétendait qu’il n’existait en effet aucune loi ni ordonnance défendant de prendre des photographies ; mais que les Valis avaient des instructions particulières ; que l’importance de la position frontière de Bachekaleh (il n’y a pas de fortification) et la situation actuelle lui imposaient des mesures de rigueur. Fort bien, disons-nous ; mais nous ne pouvons deviner les instructions secrètes données aux Valis, et par conséquent nous ne pouvons être considérés comme « coupables » pour les avoir peut-être, matériellement transgressées. — Mais si on vous avait laissé prendre la photographie de Bachekaleh qui est en effet un point d’importance absolument nulle (sic !) rien ne prouve que vous n’auriez pas photographié d’autres points importants. Enfin il nous répète cette fable de notre fuite nocturne de Bachekaleh, prétendant que le Vékil nous avait ordonné de revenir le voir — alors que celui-ci avait visé notre passeport avec la mention « partis pour Van » ; alors que nous avions demandé des zabtiés, et que le lendemain matin, au moment de partir à