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NOS TRIBULATIONS À VAN


11 Novembre.

Ce matin arrive enfin M. Nathanaël, conduisant le reste de notre bagage ! Le Vali nous fait appeler pendant que nous étions au bazar. Il tient à ce que nos deux caisses soient ouvertes devant lui, dans la grande salle du Konak, se croyant fort d’y trouver, non seulement les dix ocques de poudre, mais encore un plein sac « d’une poudre blanche du caractère le plus suspect ; elle ne prend pas feu quand on en approche une allumette ; ce doit donc être de la nitro-glycérine ! » Aussi, les employés ouvrent-ils les caisses avec une secrète frayeur ; sur toutes les figures se peint une attente inquiète ; tous les paquets sont déballés les uns après les autres avec les plus grandes mesures de prudence ; la scène commençait à devenir du plus haut comique.

Quand il ne resta plus rien dans les caisses : « Où sont les dix ocques de poudre », s’écrie le Vali ? « Iock, Effendi ! ». Il n’y a plus rien, lui répond-on. En effet, nous n’avions même pas toute la quantité annoncée par nous ; quant à la nitro-glycérine, c’était …… un petit sac de farine blanche que l’on nous envoyait de Khosrâva ! Les douaniers, habitués à la farine brunâtre de la montagne, s’étaient perdus en conjectures tragiques sur la nature de ce terrible produit ! Le Vali, passez-moi l’expression, fait tête de bois ; et prenant un air contrarié et furieux : « Puisque c’est ainsi qu’on m’a trompé, c’est une affaire entre moi et mes employés de Bachekaleh ! Que l’on mène ces voyageurs à la police, pour y faire dresser un inventaire exact de toutes leurs affaires et j’agirai ensuite ! » « J’agirai ensuite ! » Je n’en crois pas le premier mot ; je suis convaincu que, si le Vali n’a pas positivement suscité celles de nos difficultés qui ont le caractère le plus stupide, il a du moins été enchanté de les exploiter ; ce qu’il fait maintenant n’est qu’une comédie, destinée à nous donner le change et à nous faire croire à sa parfaite innocence.

Nous allons donc au bureau de police ; là, nouvelle et ennuyeuse formalité. Tout est examiné, pesé et soupesé ; le Tabour-Agassi considère un à un tous nos papiers. La façon fort gauche