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CHAPITRE XIII

se charge de transformer les avenues en mares de boue, et alors, adieu toute poésie !

J’ai nommé la mission des Dominicains ; il est bien juste que je commence par elle et ses habitants, puisque c’est là que pendant tout notre séjour nous avons trouvé abri et affection.

La maison de la mission est construite sur le modèle d’une modeste habitation vanliote. Au rez-de-chaussée, une chambre bien simplement ornée sert de chapelle ; au premier, deux chambres, une pour chaque missionnaire, et un assez grand divan. Ces trois pièces donnent sur une véranda que surplombe le toit plat, mais qui, par les côtés, est ouverte à tous les vents ; en hiver cette installation est bien primitive.

Pour nous donner l’hospitalité, il a fallu se mettre à l’étroit ; mais les Pères l’ont fait de si bonne grâce !

L’installation est provisoire ; elle répond à la maigreur du budget et aux incertitudes de la position. Si l’horizon s’éclaircit plus tard, on a la place pour un plus grand établissement, car derrière la maison s’étend un beau jardin. Les produits en sont, il est vrai, assez limités. L’hiver est long à Van, et quand vient le printemps, son action est si soudaine que la végétation s’emporte ! Impossible d’en contenir l’essor ; en quelques semaines tous les légumes montent en graines. Aussi le jardinier est désespéré.

Le jardinier, c’est le Père Duplan.

Le Père Rhétoré, supérieur de la mission, et le Père Duplan, son second, chers et excellents amis, cœurs d’or s’il en fut !

Nos sept semaines de séjour ont été bien longues ; mais quand aujourd’hui je me reporte à cette modeste demeure, et que ma pensée en retrouve les souvenirs, ce temps me parait si court !

Le Père Rhétoré est plus connu sous le nom de Père Jacques. Dans les pays nestoriens c’est Aboûna Yakoub, mieux encore Yakoub-Beg. Très versé dans la langue chaldéenne, très respecté des Nestoriens eux-mêmes, Yakoub-Beg s’est fait un nom dans la montagne.

Le Père Duplan, lui, n’est pas un linguiste ; son turc est de