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LA VILLE DE VAN, SON CLIMAT, SON LAC

dans leurs travaux par 600 architectes, artistes habiles à tailler le bois et la pierre et à travailler le fer et l’airain ; on commença par élever une immense esplanade, formée avec d’énormes quartiers de roche unis par un ciment de chaux et de sable. Cette construction était si solide, qu’elle était encore intacte du temps de l’historien arménien (ve siècle). On n’aurait pu, ajoute-t-il, en détacher une seule pierre tant le ciment était tenace. Les pierres étaient si bien polies et lisses, qu’elles n’avaient rien perdu de leur éclat.

Cette esplanade, sous laquelle on avait ménagé de vastes cavernes qui, au temps de Moïse de Khorène, servaient de refuge aux brigands du pays, se prolongeait l’espace de plusieurs stades jusqu’au lieu où était l’emplacement de la ville qu’on devait fonder. Cette cité fut achevée dans l’espace de quelques années, environnée de fortes murailles et ornée de portes d’airain ; on y construisit plusieurs palais bâtis en pierres de différentes couleurs, couverts de belles terrasses ; on y joignit des places publiques, des bains en quantité suffisante ; des canaux distribuaient dans différents quartiers et dans les jardins les eaux du voisinage ; beaucoup de bourgs furent élevés à droite et à gauche dans la campagne ; on y fit de belles plantations en arbres fruitiers et en vignes, et l’on y attira une multitude d’habitants.

L’historien arménien dit qu’il lui est impossible de décrire toutes les merveilles de cette ville. Il revient ensuite à la vaste esplanade dont il a déjà parlé. Il dit qu’après l’avoir environnée des plus fortes défenses, Sémiramis y fit construire les demeures royales ; elle en rendit l’entrée et la sortie d’un difficile accès ; on n’y pénétrait qu’à travers d’épouvantables cavernes. Moïse de Khorène ne sait pas comment ont pu être faites toutes ces constructions ; mais c’est, ajoute-t-il, le plus beau et le plus grand monument des rois. La matière, continue-t-il, qui forme la face méridionale du monument est si dure, qu’il est impossible de l’entamer avec le fer. Là se trouvent des temples, de vastes appartements, des lieux propres à déposer des trésors, d’immenses souterrains ; on