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CHAPITRE XV

mière vague ; elle masque la seconde. Le monastère de Sourp-Kirikor où nous nous rendons aujourd’hui est situé dans le creux de ces deux massifs du Varak, diamétralement à l’opposé des Sept-Églises, dans une gorge entourée de rochers sauvages. L’unique prêtre qui le desservait étant mort quelques jours auparavant, son fils avait, sans plus de façon, emporté la clef de l’église à Van ; par conséquent impossible d’y entrer pour copier l’inscription cunéiforme qui doit s’y trouver. Nous revenons bredouilles par un froid piquant.

L’excursion prend une forte après dîner.


17 Novembre.

Excursion d’Artamied.

Il faut un peu moins de trois heures pour gagner ce village, qui est situé dans de grands jardins beaucoup plus pittoresques que ceux de Van. Un rocher domine le village et porte l’église. De cette plateforme naturelle, nous jouissons d’une vue incomparable. À nos pieds les jardins formaient un charmant premier plan ; séparé de nous par la nappe bleue du lac, le Sipan, aujourd’hui dégagé de tout nuage, se dressait à l’horizon, scintillant au soleil sous sa robe de neige immaculée. C’est toujours le même paysage, ce sont toujours les mêmes lignes et cependant, c’est toujours une beauté nouvelle !

L’on croirait toucher le Sipan dont en réalité plus de 80 kilomètres nous séparent ; mais l’atmosphère est sur ces hauts plateaux, à cette saison surtout, d’une limpidité sans égale[1].

Nous poussons encore à trois quarts d’heure au delà d’Artamied, jusqu’à un endroit où le « canal de Sémiramis » (Schamiram-Sou) est soutenu par de grandes substructions du caractère le plus ancien. Ce canal détourne les eaux du Koschâb, pour les amener fertiliser la plaine de Van. Construit sans doute ou du

  1. La reproduction de ce paysage n’en peut donner que l’idée la plus vague ; les admirables effets de profondeurs sont en particulier, impossible à rendre ; pour y réussir quelque peu, mon artiste a dû foncer le ciel afin de reculer le fond ; mais on supprime ainsi l’un des plus beaux éléments du panorama ; la limpidité de l’atmosphère.