une insatiable gourmandise ; il se saisit de tout ce qui lui tombe sous la dent, et je le surprends s’attaquant à mon lit de camp !
Départ 7 h. 45 matin.
Journée désagréable : il dégèle et l’atmosphère est imprégnée d’une humidité froide et pénétrante. Une heure à peine et nous aurons quitté pour toujours ces rives charmantes et pour nous si pleines de souvenirs du lac de Van ! Est-ce cette pensée, est-ce le temps, ou plutôt la combinaison de ces deux éléments, bref, nous sommes d’humeur triste et montons mélancoliquement la pente douce qui mène au seuil de Tadwân. Il faut environ une heure pour y arriver, et le baromètre lui donne à peine cent mètres d’élévation[1] au-dessus du niveau du lac.
Ce seuil est un grand plateau dominé par de hautes montagnes qui forment comme trois couloirs où il se perd ; le plus large est celui par lequel le plateau s’infléchit vers le lac ; le couloir du Nord, par lequel il va se perdre dans la vallée du Kara-Sou (qui arrose le district de Mouch), est plus étroit ; le plus étroit de tous est la vallée du Bitlis-Tchaï orientée vers le Sud.
La neige empêche de reconnaître la nature du terrain, mais plus bas, là où elle a disparu, on reconnaît distinctement des coulées volcaniques occupant le fond de la vallée.
Tout en n’étant pas géologue, je ne puis résister à la tentation de donner ici ma petite théorie.
Pour moi, à l’époque de la plus grande activité volcanique du Nimroud et du Sipan-Dagh, le lac de Van devait être une nappe d’eau d’assez petites dimensions, se déversant à hauteur de Tadwân dans le Bitlis-Tchaï ; peut-être même le lac n’existait-il pas ; et la vallée du Bitlis-Tchaï, libre encore des obstructions volcaniques, beaucoup plus profonde par conséquent, se raccordait-elle directement avec la vallée du Bendimahi-Tchaï et du Koschâb. Puis un jour, le Nimroud-Dagh intercepta de ses laves la vallée du Bitlis-Tchaï, la coupant complètement par le seuil
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Hauteur barométrique : à Tadwân618mm,5 » » au col610mm