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CHAPITRE XVIII

Le temps s’étant un peu remis au beau, nous en profitons pour aller visiter le couvent de Deïr-Mar-Yâkoub ; il est à une heure de distance de Saïrd et domine la vallée du Boghtân. Son nom lui vient d’un moine chaldéen Mar-Yâkoub, personnage fort vénéré dont on y garde le tombeau. Le couvent lui-même est très simple de construction, pauvre, à peine habité. On nous y montre entre autres manuscrits une très belle bible chaldéenne du ive ou xe siècle.

À quelques minutes du couvent, la « pierre du lion » domine à pic, de près de 300 mètres de hauteur, la vallée du Boghtân. Le panorama y est superbe. Le Boghtân-Sou, dominé par de hautes falaises rocheuses, paraît s’engager en aval dans d’étroits défilés, tandis que son cours supérieur arrose une vallée plus large et fertile.

Près du courant poussent quelques beaux térébinthes[1].

Entre Deïr-Mar-Yâkoub et Saïrd se trouvent les restes d’un village abandonné depuis deux ou trois ans. Les Kurdes y faisaient tant d’incursions que la position n’était plus tenable. Aux plaintes des habitants l’autorité répondait : « Connaissez-vous les coupables ? Amenez-les nous avec vos témoins et nous les emprisonnerons. » Comme si ce n’était point demander à l’agneau d’aller s’emparer du loup pour l’amener au berger ! Et notez que ce village est aux portes de Saïrd ! Cela en dit long sur la situation des localités éloignées.

Entre Saïrd et Deïr-Mar-Yâkoub l’on voit également les ruines d’un village ou plutôt d’une ville dont la destruction remonte certainement à une époque assez reculée. La tradition qui nomme cet endroit Hadarouisse, raconte, que c’était jadis la résidence d’un Émir puissant. La ville aurait été détruite il y a 5 ou 600 ans au milieu des guerres dont le pays fut le théâtre.

  1. Le térébinthe produit une amande dont on tire de l’huile, et qui sert aussi à la fabrication du savon. L’arbre a à peu près le port du noyer ; mais les petites branches sont plus contournées et, proportionnellement à leur longueur, plus grosses que celles du noyer.