Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/499

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
395
MÔSOUL — LA VILLE, ETC.

peu près tolérée par les rois Parthes, l’Église chaldéenne fut souvent persécutée sous les Sassanides. Ses rapports avec Antioche devinrent de plus en plus difficiles. Quand vers la fin du ve siècle les Nestoriens furent proscrits et chassés de l’Empire romain, ils se réfugièrent au delà de la frontière perse ; grâce au relâchement des liens entre Séleucie et Antioche, ils firent assez rapidement pénétrer leurs doctrines dans l’Église chaldéenne, et le nestorianisme inculqué par eux, devint comme une religion nationale pour les Chrétiens du royaume Sassanide.

Cette circonstance qui élevait une barrière religieuse entre eux et le monde romain, leur valut une plus grande tolérance de la part des rois de Perse : ils en profitèrent pour fonder jusqu’en Chine des églises dont on retrouve encore aujourd’hui quelque trace ; leurs fondations au Malabar se sont maintenues, jusqu’à nos jours.

Lorsque l’invasion musulmane eût renversé le trône sassanide, les Khalifes se montrèrent d’abord tolérants envers les Nestoriens[1].

Mais leur intervention dans les affaires intérieures de cette Église, la simonie, grâce à laquelle le Patriarchat se vendait au plus offrant, les guerres terribles qui désolèrent ces contrées, amenèrent bientôt la décadence. Les Nestoriens durent abandonner les plaines de la Mésopotamie et transporter leur centre dans les parties les plus inaccessibles des montagnes.

Séparée matériellement et moralement de l’union catholique, l’Église nestorienne restait à tous points de vue livrée à elle-même, et cet isolement faisait sa ruine. Il semble que les Patriarches[2] aient compris la nécessité de rentrer dans l’union ; car les rares voya-

  1. Les Nestoriens jouirent pendant quelque temps d’une véritable faveur auprès des Khalifes ; elle a peut-être sa source dans l’influence que les doctrines nestoriennes exercèrent sur Mahomet lorsqu’il composait le Koran. (Boré, Corr. ii, 219 et suiv.)
  2. Le chef de l’Église chaldéenne est, comme chef d’une église nationale, un Catholicos ; mais il n’est nullement un Patriarche, car il n’est à aucun degré successeur du Patriarche d’Antioche dont il n’a jamais été que le vassal. L’usage cependant a introduit le titre de Patriarche et cet usage est accepté.