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DE MÔSOUL À BAGHDAD

Les ruines semblent avoir été soigneusement fouillées ; près de la pyramide l’on voit encore deux taureaux ailés dont les têtes seules sont dégagées. En beaucoup d’endroits les plaques de marbre qui ornaient les murs des chambres sont restées debout à leur place primitive et l’on peut ainsi à peu près reconstituer le plan de ces appartements qui paraissent avoir été généralement assez étroits. Presque tous les angles des chambres ont pour ornement l’arbre sacré. Un peu plus loin on voit encore deux paires de taureaux ailés et une statue colossale à demi enterrée.

Les décombres de la pyramide forment un cône assez élevé[1]. Les assises inférieures en beaux blocs de pierre de taille sont encore très visibles grâce aux galeries de fouille.

À midi et demi nous nous remettons en marche. Vers 2 heures et demie il nous faut franchir un second barrage, le Zikr-Ismael, beaucoup plus important que le premier ; longtemps avant d’y atteindre on entend déjà le bruit de la chute. C’est un très gros rapide à forts remous, mais qu’un kellek bien construit franchit aisément. En somme ces deux barrages me semblent beaucoup moins dangereux que les mauvais passages que nous avons franchis entre Djézireh et Mosoûl.

Vers quatre heures nous passons le confluent du Grand Zab dont les eaux impétueuses, d’une belle teinte verte, refoulent les eaux troubles du Tigre[2] et leur donnent une teinte un peu moins sale. Sur la rive gauche du Zab une colline isolée portait autrefois une forteresse.

Le pays devient plus plat ; cependant quelques rangées de collines viennent mourir sur les bords du fleuve.

Nous marchions encore à nuit noire, lorsque nous entendons tout à coup ce bruit significatif des outres qui frottent contre les

  1. D’après Chesney ce cône aurait 35 mètres de haut et 237 mètres de tour.
  2. On vante beaucoup l’eau du Nil. Pour moi, après comparaison faite, je trouve que l’eau du Tigre lui est infiniment supérieure. C’est certainement la meilleure que j’aie jamais bue. Il faut seulement la laisser un peu reposer pour donner aux matières en suspens le temps de se déposer.