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DE BAGHDAD AU GOLFE PERSIQUE, ETC.

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de drainage. Ce sont de beaux hommes, à demi-nus, aux formes assez classiques.

Du pont du Khalifah nous apercevons de nombreuses bandes de sangliers. Une monstrueuse laie, suivie de ses marcassins, fait assaut de vitesse avec le steamer ; un feu roulant reste, ô honte, sans résultat — le bateau roule évidemment trop ! Au loin, l’on voit des vols de grues et d’autres oiseaux aquatiques.

Vers midi apparaît à un tournant du fleuve la ravissante oasis d’el-Ozeïr ; une petite mosquée à coupole de faïences vertes, se mirant dans le fleuve, au milieu d’un bois de palmier. C’est le tombeau présumé d’Esdras ?

À Korna (l’on prononce ici Gorna), au milieu de bois de palmiers, le Tigre et l’Euphrate se rejoignent pour former le Schatt-el-Arab. Les deux rivières se réunissent en un fleuve majestueux, large et profond. Le Schatt n’a presqu’aucune pente, et la marée monte au-delà de Korna. En ce moment le reflux nous aide et nous marchons rondement.

Arrivée à Bassorah à 9 heures du soir.


29 Janvier.

Ce matin, Monsieur Djaboury (Gabriel) Asfar vient nous chercher à bord. Nous avons vu sa famille à Baghdad et il veut nous faire jouir de sa généreuse hospitalité bien connue de tous les voyageurs qui ont passé à Bassorah. Mr Asfar a reçu son éducation chez les Carmes à Baghdad. C’est un chrétien fervent et un commerçant de premier ordre. Il n’a jamais été en Europe, mais connaît admirablement bien les affaires. Chaque année il affrête un grand nombre de navires, soit pour transporter ses propres marchandises, soit pour la commission. À la cueillette des dattes, il emploie pendant deux mois jusqu’à 2 000 ouvriers.

La maison est fort grande ; le rez-de-chaussée sert d’entrepôt et les ouvriers travaillent dans la cour à mettre les dattes en caisse. Chaque nuit une dizaine d’hommes, bien armés, font la ronde autour de ses magasins, car les voleurs abondent.