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NOTICE HISTORIQUE SUR LES RELATIONS

est-il que Sargon n’hésite pas un instant. Il prend avec lui une troupe de soldats d’élite, et, après avoir sacrifié à ses dieux, s’engage résolument dans les défilés du Muzazir. Urzana ne s’y attendait pas. Frappé d’épouvante il prend la fuite, abandonnant sa capitale au vainqueur qui s’empara des statues des dieux Khaldis et Bagmaschtur. Ursa aurait encore pu sauver sa vie en faisant sa soumission ; il préféra se donner la mort et se passa son épée à travers le corps.

Cette dernière campagne de Sargon contre l’Arménie est illustrée par une série de bas-reliefs dont ce roi avait orné une des salles de son palais de Dur-Saryoukin, à Khorsâbâd. Ils ont été reproduits dans le grand ouvrage de M. Botta (Le monument de Ninive ii, pl. 140 et 141). Voici comment Fr. Lenormant (Lettres assyriologiques, i, p. 131) décrit le temple du dieu Khaldis, tel qu’on le voit au centre d’un de ces bas-reliefs, consacré à la représentation de la ville de Muzazir : « Le temple du dieu Khaldis, vu de face, est supporté sur un soubassement de forme carrée, et surmonté d’un fronton que couronne un acrotère dont le galbe rappelle celui du cyprès pyramidal. Une porte, surmontée d’un petit fronton, s’ouvre au milieu de la façade, que décorent quatre pilastres carrés. Des boucliers votifs, très-bombés, de forme circulaire et décorés au centre d’un masque de lion, y sont suspendus ; les soldats assyriens qui pillent l’édifice, enlèvent des boucliers semblables, des autels à parfums portés sur un seul pied rond, et des trépieds. De chaque côté de la porte se dresse un mât décoratif, terminé au sommet en forme de cyprès pyramidal. Auprès de l’entrée, à gauche, est placé un groupe, évidemment de ronde bosse, représentant la vache qui allaite son veau, cet emblème si capital dans toutes les religions de l’Asie antérieure. (Voy. de Longpérier. Bulletin archéol. de l’Athén. franç., 1855, p. 24). En avant du temple et au pied de son soubassement on voit deux grands bassins à eau lustrale, véritables « mers d’airain », à fond arrondi, portés sur des trépieds en jambes de taureaux. Tout dans cet édifice offre le cachet de l’art assyrien ;