Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/108

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buanderie, placée sous la direction immédiate de Tina Le Floc’h, rendait aux habitants de Fort Espérance l’immense service de les tenir constamment approvisionnés de linge propre et de désinfecter tous les objets de literie.

On ne négligeait pas le chapitre des distractions. Au Pôle, le superflu des zones tempérées devient l’indispensable, tant il est de première nécessité d’entretenir la bonne humeur dans tous les caractères.

Ce fut encore là un sommaire dont la rédaction fut laissée à l’initiative entendue de Mlle de Kéralio. Il ne se passa pas un dimanche, ni un jour de fête, qui ne fût consacré le matin à des exercices religieux, le soir à de joyeuses récréations, parmi lesquelles les représentations théâtrales alternèrent avec les soirées dansantes.

On organisa des concerts avec musique vocale et instrumentale, et l’habitude fut si bien prise de ces petites fêtes intimes que, dès la veille, on commentait avec ardeur le programme du lendemain.

Chaque fois, la soirée était précédée d’un banquet, et le menu de ces banquets eût fait honneur à un cuisinier des zones tempérées. Grâce aux nombreuses provisions qu’avait emportées l’expédition, à la réserve prélevée sur le produit des chasses, on put mêler, d’une façon harmonique autant que variée, la viande fraîche aux conserves.

Puis, lorsqu’il fut possible d’y ajouter un peu des légumes de la terre, le repas du dimanche devint un véritable dîner de gala. En outre, l’esprit ingénieux du matelot Le Clerc, aidé de l’expérience de Tina, parvint à donner au pemmican et aux biscuits des préparations tout à fait inaccoutumées. Collaborateurs devant les fourneaux, les deux Bretons élevèrent promp-