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par ses coq-à-l’âne imprévus, par ses flegmatiques incohérences, le fantaisiste à tous crins symbolisant son naturel dans la dédicace sincère de son premier recueil.

À VOUS


    Très chière et très plaisante araignée
Qui souventes fois vîntes vous esbattre
    Entre les régions perturbées
            De ma folle teste
Je fais hommage de ces escripts mal en ordre
        Et quelque peu despourveus
            De Mélancholie.

Ce fut aux Hydropathes que Maurice Mac-Nab fit ses premières armes. Nous ne pouvons nous dispenser d’en dire quelques mots.

Il y a quelque douze ou treize ans, florissait à Paris la Société célèbre des Hydropathes. Ce fut une poussée de sève littéraire plutôt qu’une école proprement dite, car toutes les opinions artistiques y étaient représentées. Fondée par le marquis de Puyferrat, Émile Goudeau et Grenet-Dancourt, cette Société ne tarda pas à avoir un immense succès au quartier latin.

Les Hydropathes ! que de joyeux souvenirs évoqués par ce mot ! Souvenirs de bonnes et saines soirées consacrées à de hautes jouissances intellectuelles, dans ce temple du grand art où officiaient Charles Cros, Goudeau, Fernand Icres, Armand Masson, Jouy et tant d’autres ! C’était le samedi soir que se tenaient les séances où le public était admis gratuitement, sous la seule condition, formulée expressément par le patron de l’établissement, de consommer. Vers dix heures, dans l’ombre et le mystère qui planait sur la sombre rue de Jussieu, derrière la Halle aux Vins, on s’engouffrait dans un étroit corridor qui conduisait l’initié à une belle salle de conférences munie d’une scène et de tous ses accessoires, la salle de l’Ermitage. Une foule compacte d’artistes et d’étudiants s’y pressait, car, chose inouïe ! on désertait Bullier pour les Hydropathes, et, pendant que chacun s’installait devant un bock, on chantait en chœur la chanson de Charles Cros :

Proclamons les principes de l’art, etc.,