Page:Mac-Nab - Poèmes mobiles, 1890.djvu/119

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D’APRÈS NATURE !


Ce soir-là on jouait Ruy Blas au Théâtre-Français.

Tout le monde sait que sur la place du Théâtre-Français il y a un refuge planté d’arbres, orné de bancs, d’une fontaine Wallace et de deux kiosques d’utilité publique.

C’est joli, c’est frais, il y a beaucoup de monde.

Pendant que je flânais là, en attendant l’heure du spectacle, un inconnu arriva.

En un clin d’œil, l’inconnu fit une table avec des tréteaux, une planche et un tapis qui avait l’air d’être rouge.

Quelques badauds l’entourèrent ; j’en étais, il ne faut pas que cela vous étonne.

Alors l’homme commença :

« Quelqu’un aurait-il une pièce de cinq francs ?… personne n’a une pièce… personne n’a… eh bien, j’en ai une, moi, la voici… et voici aussi un chapeau !

« Examinez bien la pièce… ne perdez pas de vue le chapeau.

« Vous voyez maintenant ce journal… c’est bien un journal, n’est-ce pas ?

« Voyez le journal, voyez la pièce, voyez le chapeau !

« Eh bien, je saisis la pièce et je la plie dans le journal… Écartez-vous, messieurs, écartez-vous, mesdames, faites un beau cercle, tout le monde verra.