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BALLADE
de la petite boiteuse et du petit bancroche.

lettrine S

À Edmond Haraucourt.


ouffre-douleur de tous, êtres déshérités,
Ils vont clopin-clopant cacher loin du village
Le spectacle navrant de leurs infirmités.
Ils aiment la forêt et le sentier sauvage
Où des hêtres touffus, des chênes d’un autre âge
Enchevêtrent si bien leurs troncs capricieux
Qu’ils laissent voir à peine un petit coin des cieux.
C’est là, près d’un vieux mur où le lierre s’accroche,
Que vont souvent s’asseoir, en s’essuyant les yeux,
La petite boiteuse et le petit bancroche !

Tantôt marchant très vite et tantôt arrêtés,
Ils jettent aux échos leur gentil babillage
Qui fait siffler plus haut les merles entêtés.
Le petit, par devant, écarte le branchage,
Écrasant de son pied avec un grand courage