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est couverte d’un chapeau de roseaux noués avec une corde de bambou en guise de crêpe. Les personnes qui sont dans cette position portent à la main un gros bâton ou roseau lorsqu’elles sont en deuil de leur père ; un simple bâton plus petit lorsqu’elles ont perdu leur mère. Du reste, comme elles ne se lavent point pendant tout ce temps-là, il s’ensuit qu’elles sont aussi noires que des mulâtres.

Aussitôt que quelqu’un est mort, ses parents courent par les rues, pleurant, hurlant et s’arrachant les cheveux. Ils ont grand soin ensuite de l’inhumer honorablement en quelque endroit d’une montagne qu’un devin leur indique. On dépose le corps dans deux cercueils épais de deux à trois doigts, fermant exactement et qui se placent l’un dans l’autre, afin de mieux résister à l’eau ; ils sont enjolivés et garnis selon les moyens des parents. Les Corésiens enterrent ordinairement leurs morts au printemps et en automne ; ceux qui meurent en été sont placés dans une loge de paille élevée sur quatre pieux, où on les laisse jusqu’à ce que le riz soit moissonné. Lorsqu’ensuite on veut les enterrer, on les rapporte au logis et on les place dans le cercueil avec leurs habits et quelques bijoux. On part avec le corps à la pointe du jour, après avoir festiné et s’être fort réjoui toute la nuit. Les porteurs chantent et vont en cadence pendant que les parents font retentir l’air de leurs cris. Trois jours après, tous ceux qui ont accompagné le corps retournent sur la fosse, où ils font quelques offrandes ; puis ils mangent ensemble et font bonne chère. Le menu peuple se contente de creuser une fosse profonde de cinq ou six pieds ; mais les grands sont mis dans des tombeaux de pierre, sur lesquels on place une statue de même matière, où l’on voit au bas le nom et les qualités du défunt. Toutes les pleines lunes, on coupe l’herbe qui a crû sur les tombes, et on y offre du riz nouveau. C’est là leur plus grande fête, après celle du nouvel an.

Les Corésiens comptent le temps par lunes, et, de trois ans l’un, ils en intercallent une, si bien que cette année-là en a treize. Ils ont des devins qui leur assurent