Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/151

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la multitude des yeux de diamants en couronne.

Je dis dans son cerveau, parce que, au dehors, ce fut un papillon noir qui, ayant pénétré sous la véranda, battit des ailes autour de Dona Eusebia. Celle-ci poussa un cri, se leva et se mit à prononcer des paroles sans suite d’incantation :

— Je t’adjure… va-t’en, malin ! Vierge, Notre-Dame !…

— Calmez-vous, dis-je, et prenant mon mouchoir, je chassai le papillon.

Dona Eusebia s’assit une autre fois, suffoquée, un peu honteuse. Sa fille, toute pâle de peur, dissimulait son émotion avec beaucoup de force de volonté. Je leur serrai la main et je sortis, riant d’un rire philosophique, désintéressé et supérieur, de la superstition des deux femmes. Le soir, je vis passer à cheval la fille de Dona Eusebia, accompagnée d’un valet de chambre. Elle me salua du bout de sa cravache. Je m’attendais à ce que, un peu plus loin, elle retournât la tête. Mais elle ne la retourna point, et j’en fus quelque peu vexé.