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PROLOGUE 9


84 Qui sa doleur empire, espoir.
Et Musique est une science
Qui vuet qu’on rie et chante et dance.
Cure n’a de merencolie
88 Ne d’homme qui merencolie
A chose qui ne puet valoir,
Eins met tels gens en nonchaloir.
Partout ou elle est, joie y porte ;
92 Les desconfortez reconforte,
Et nés seulement de l’oïr
Fait elle les gens resjoïr.
N’instrument n’a en tout le monde
96 Qui seur musique ne se fonde,
Ne qui ait souffle ou touche ou corde
Qui par musique ne s’acorde.[1]

Tous ses fais plus a point mesure
100 Que ne fait nulle autre mesure.
Elle fait toutes les karoles
Par bours, par citez, par escoles,
Ou on fait l’office divin[2]
104 Qui est fais de pain et de vin.
Puet on penser chose plus digne
Ne faire plus gracieus signe
Com d’essaucier Dieu et sa gloire,
108 Loer, servir, amer et croire,
Et sa douce mère, en chantant,
Qui de grâce et de bien a tant
Que le ciel et toute la terre
112 Et quanque li mondes enserre,
Grant, petit, moien et menu
En sont gardé et soustenu ?
J’ay oÿ dire que li angles,
116 Li saint, les saintes, les archangles,[3]

  1. Fseur musique
  2. A Ou en fait
  3. Farchanges.