Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car s’elle eüst cent fois meins de biauté,
Et elle fust loial, la grant bonté
De loiauté l’eust plus honnouré[1]
          816 Que s’elle fust
Cent mille fois plus belle et mieus pleüst ;[2]
Et en tous cas trop mieus plaire deust,[3]
Pour ce qu’en li riens a dire n’eüst.[4]
          820 Si que je croy
Qu’a bonne Amour, a Fortune, n’a soy[5]
Riens demander de mes dolours ne doy.
Et en puis je riens demander a moy ?[6]
          824 Certes oïl !
Car je me mis de richesse en essil,[7]
De seurté en un mortel péril,
De joie en dueil, par son regart soutil,[8]
          828 Et de franchise[9]
En servitute ou on n’aimme, ne prise[10]
Moy, ne m’onnour, m’amour, ne mon servise,[11]
Ne ma vie vaillant une cerise.
          832 Et nompourquant,
Il m’est avis que pas ne mespris, quant[12]
Je l’enamay, qu’en ce monde vivant[13]
N’avoit dame qui fust si excellent,[14]
          836 Ce disoit on.[15]
Si devins siens en bonne entention,
Ne jamais n’i cuidasse, se bien non.
Pour la grandeur de son très bon renon[16]
          840 Qui m’a destruit.

  1. J Sa ; P amonte
  2. E Mil cent foiz ; M mil
  3. KJ En tretous ; D Car ; J et mieus ; E faire
  4. D que KJ ajoutent après le v. 81 g les vers 848-855
  5. E Car ; DEP na f.
  6. KJ Et puis
  7. C a essil
  8. C par un reg. ; KJ son engin
  9. KJ servise
  10. KJ en ; C en aimme
  11. A ne mes biens ; C ne mon cuer
  12. CE tant
  13. ^«^ ce siècle
  14. ME fu ; E plus exe ; KJ si suffisant
  15. i) Et
  16. KJ tresgrant.