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XVIII INTRODUCTION


sens a ceste feste ; Je le vi des yeus de ma teste[1]. » À l’en croire, il suivait son maître jusqu’au plus fort de la bataille, brave malgré lui, ajoute-t-il, car la fuite dans ce pays sauvage et étranger eût été plus dangereuse que le combat lui-même[2]. Prit-il part, en 1331, à la guerre d’Italie, à la rencontre avec les Hongrois devant Laa et à la seconde campagne de Prusse à la fin de la même année ? Il parle de ces événements, sans affirmer qu’il en ait été témoin[3]. Dans l’énumération des hauts faits de son maître, il ne va d’ailleurs pas plus loin que cette année 1331, quoique le poème où il en est parlé ait été écrit en 1357, une dizaine d’années après la mort du roi Jean. Mais on ne peut rien conclure de ce silence, car c’est précisément des années 1330 à 1335 que datent les documents qui le montrent au service du roi. Si le poète s’arrête là, c’est qu’il ne pourrait « dire ou compter en jour et demi » toutes les prouesses de ce modèle des rois. Enfin, la description minutieuse de l’entrée en Quaranteinne (Garinthie) « par deus destrois Qui sont rostes, longs et estrois[4] » pourrait bien avoir pour bases des souvenirs personnels : c’est à Trente par exemple que Jean prépare en

  1. Confort d’ami, vv. 3049-50.
  2. Fontaine amoureuse, v. 141 ss. Au lieu de : « S’ay je esté par mes deus fois » (v. 141), Caylus a lu : « S’ay j’este prisonés deus fois » et en a conclu à une double captivité du poète et de son maître. Or, Jean de Luxembourg n’a jamais été fait prisonnier. Déjà Tarbé avait reconnu en ce passage une mauvaise lecture de Caylus.
  3. Confort d’ami, vv. 3051 ss.
  4. Prise d’Alexandrie, vv. 1518-19.