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INTRODUCTION XXXVII


le Bon. Ces relations ont sans doute existé ; mais la seule preuve qu’on en puisse vraiment invoquer, le lai où le poète déplore la défaite de Poitiers et la captivité du roi, est un témoignage de médiocre valeur, comme nous l’avons fait voir plus haut.

Par contre, Machaut a fourni des preuves certaines de ses rapports avec au moins deux des fils du roi Jean, Charles, le futur roi de France, et Jean, duc de Berry. À différentes reprises, Guillaume, dans le Voir Dit, nous parle du duc de Normandie qui le mande auprès de lui, chez lequel il séjourne pendant quelque temps, qui lui fait fête et honneur et le comble de beaux dons. « Fais suis », déclare-t-il, « de sa nourreture Et suis sa droite créature »  ; il qualifie le duc de «mon droit seigneur. » Aussi, lorsque le régent, en 1361, se rend à Reims pour trancher le différend survenu entre les bourgeois de la ville et Tarchevêque, il prend logis dans la maison canoniale de Machaut et c’est là qu’il convoque (f les eschevins dudict Reims[1] ». Ce sont ces rapports intimes du futur héritier de la couronne de France avec le poète qui font supposer que la plainte dirigée contre le comte de Tancarville a, en effet, été adressée à Charles après son avènement au trône. Machaut, naturellement, a dû assister au sacre de son maître à Reims « le jour de la Trinité, Fan mil trois cens soissante et quatre[2] ». C’est à cette occasion qu’on aurait chanté la messe conservée parmi les œuvres de Guillaume. L’abbé Rive, le premier, a fait cette supposition[3], sans malheureusement nous

  1. Voyez plus haut, p. xxv.
  2. Prise d’Alexandrie, v. 806-07.
  3. « Une messe en musique… que l’on croit avoir été chantée au sacre de Charles V » (loc. cit. p. ii).