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LXXXVIII INTRODUCTION


chaut a été condamné à une triple amende ; elle consiste en un lai, une chanson et une ballade qu’il doit composer. Pour payer son amende, le poète va commencer sans délai « un amoureus lay » ; c’est le poème qu’il intitule Le Lai de Plour. Cette poésie, en effet, se rattache étroitement au dit qui la précède : elle contient les plaintes d’une dame à qui la mort vient d’arracher son ami. Le sujet répond exactement à l’une des données du débat précédent. Nous pouvons donc ajouter foi au dire du poète ; quand, dans les derniers vers du Jugement dou Roy de Navarre, il nous fait savoir que le lai a été composé immédiatement à la suite de ce dit. Il a été fait en 1349 ou 1350, si vraiment, d’après les renseignements de Froissart, la confection d’un poème de ce genre était un travail de quelques mois. Nous aurons à examiner les lais de Machaut, quand nous publierons ses poésies lyriques. Ici nous voulons nous borner à faire remarquer que cette pièce répond tout-à-fait aux règles du genre, telles que Deschamps les énoncera plus tard dans l’Art de dictier. Elle se compose de douze strophes dont chacune diffère des autres dans le choix et la succession des rimes et dans la forme des vers, sauf la dernière strophe qui doit être exactement pareille à la première. Chaque strophe par contre est formée de deux parties identiques.

Le rapport intime qui relie le Lai de Plour au Jugement dou Roy de Navarre justifie suffisamment la place que nous lui donnons dans cette publication. C’est à ce même endroit, à la suite du Jugement dou Roy de Navarre, que le lai est placé dans les manuscrits B, E et M ; et dans K et J, qui ne possèdent pas le débat en question, il suit le dit précédent, le Jugement dou Roy de Behaingne. Sauf M, ce sont là, les manuscrits de