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LX1V INTRODUCTION

titre substitué par ses lecteurs au titre primitif, et que l'usage avait accrédité. Il peut en avoir été de même dans le cas du Dit de VAlerion, et c'est pourquoi nous nous croyons autorisé à conserver ce titre.

Nos devanciers ont à peine parlé de VAlerion, mal- gré son importance parmi les Dits de Machaut. Une analyse un peu détaillée ne paraîtra donc pas inutile.

Les dispositions qui paraissent dans l'enfant font prévoir ce que sera un jour l'homme fait : c'est sur- tout cette pensée que développe un long prologue ' (v. i - 1 1 8) ; puis, se donnant lui-même en exemple, le poète raconte comment son amour pour les oiseaux, qui s'était révélé dès sa première enfance, le porta plus tard à se faire initier dans l'art délicat et difficile de capturer et d'élever les nobles oiseaux de chasse. Ce qu'il dira de cet art, Machaut nous avertit aussitôt qu'on devra l'entendre aussi de l'état

D'amours, d'amie et d'amant,

et, en effet, son poème, comme le définissait fort bien le comte de Caylus, sera « une allégorie tirée de la chasse du vol, et continuellement appliquée au génie et aux caractères des quatre maîtresses qu'a eues l'au- teur. » En un récit très détaillé, à maintes reprises in- terrompu par des applications aux choses de l'amour, Machaut raconte donc les expériences qu'il fit tour à tour avec quatre oiseaux de chasse.

Ce fut d'abord un épervier. Il dit pourquoi l'épervier ramage, c'est-à-dire sauvage % est préférable à l'éper- vier déjà éduqué, et c'est pour lui une occasion de

i. Nous n'avons pas retrouve les sources écrites de ces pen- sées, si tant est qu'elles en aient, banales comme elles sont.

2. Brunetto Latini définit de même l'épervier « ramain » : « cil qui a ja volé et vené selonc sa nature ; mais il est puis pris en raim d'arbre ou en autre leu par engin » {Trcsor, I, 5, ch. 149).

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