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Pourquoi celle Lettre est-elle Mortifiée ? Pour la même raison qu’une de celles qui précèdent était Craignante. On vient d’arrêter le Surintendant Fouquet. Loret le plaint et le pleure en quelques vers qui sont certes bien au-dessous de ceux que La Fontaine écrira pour les Nymphes de Vaux, mais s’affirment cependant dans le même très brave et très honorable sentiment.


Certes j’ay toujours respecté
Les ordres de Sa Majesté,
Et crû que ce Monarque Auguste
Ne commandoit rien que de juste :
Mais étant remémoratif
Que cet infortuné Captif
M’a toujours semblé bon et sage,
Et que d’un obligeant langage
Il m’a quelquefois honoré,
J’avoüe en avoir soupiré,
Ne pouvant, sans trop me contraindre,
Empêcher mon cœur de le plaindre.
Si, sans préjudice du Roy,
(Et je le dis, de bonne foy)
Je pouvois luy rendre service,
Et rendre son sort plus propice
En adoucissant sa rigueur,
Je le ferois de tout mon cœur :
Mais ce mien dézir est frivole ;
Et prier Dieu qu’il le console
En l’état qu’il est aujourd’huy,
C’est tout ce que je puis pour luy.


C’était peu. Ce fut trop, au gré des maîtres. On le fît voir à Loret. De la munifi-