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où l’aube, d’un beau jour, va poindre, et Vénus lui apparaît pour lui enseigner, d’un doux langage, le sûr et le seul moyen de guérir son mal.


Au fond du vieux palais, autresfois le séjour
Des demi-dieux de France, est un temple d’Amour :
A nuaux argentez la voûte est toute painte ;
Là se voit, à main droite, une figure sainte
Du paradis heureux des amans fortunez.
De leurs longues douleurs à la fin guerdonnez.
Sitost que le Soleil, commençant sa carrière
Pour porter aux humains la nouvelle lumière
Sera sur le midy, lorsqu’on n’y pense pas
Et que chacun s’attend à prendre son repas,
Ayant avecques vous pour compagne fidelle
Camille, attainte au vif de l’ardante estincelle
Des yeux de Floridant, qui meurt pour ses beautez.
Choisissez sagement les lieux plus escartez
Et vous rendez sans crainte en cette heureuse place.
C’est là que vous sçaurez l’heur que je vous pourchasse,
Mes délices, mes jeux, mes gracieux tourmans,
Et de quelles douceurs j’enyvre les amans.


Puis la Déesse s’envole, et, comme elle partoit,


Le ciel tout rejouy ses louanges chantoit,
Les vents à son regard tenoient leurs bouches closes,
Et les petits Amours faisoient pleuvoir des roses.


Olympe aussitôt va trouver Camille, et celle-ci (Amour luy donnoit cœur) se charge d’arranger cela. Mais ce ne fut pas tout : les deux bonnes pièces pensent sans doute que plus on est d’amants plus on aime ;