Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/367

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beaucoup d’inclination, elle ne pouuoit pas auoir vne colere deſobligeante pour luy. Cependant ſa modeſtie naturelle, ne laiſſa pas de luy en donner : il eſt vray que comme elle ſçauoit les ſentimens de ſon Pere, elle fut ſuiuie de quelque moment de douleur ; de voir qu’il ne luy eſtoit pas permis de donner nulle eſperance raiſonnable, au ſeul homme du monde qu’elle euſt creû digne d’elle, ſi elle euſt ſçeu ſa naiſſance : & ſi ſon Pere n’euſt pas eu intention de ne la marier iamais qu’à vn Romain. Si bien que cét eſtonnement, cette colere, & cette douleur, occuperent ſi fort ſon eſprit, qu’elle penſa ne lire pas la Lettre d’Horace : & ſi ſa propre reſuerie ne la luy euſt fait ouurir ſans y penſer, elle ſe ſeroit couchée ſans la voir. Mais l’ayant ouuerte ſans en auoir le deſſein ; & voyant que la Chanſon qu’elle auoit