Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/385

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ie ſuis perſuadé qu’elle eſcrit auſſi bien qu’elle parle, i’ay vne enuie eſtrange de voir vne Lettre d’elle : du moins ſçay-ie bien, pourſuiuit-il, que ſon carractere eſt le plus beau du monde, car i’ay veû des Vers eſcrits de ſa main. D’abord Aronce creût qu’en diſant vne ſeconde fois à Horace, que cette Lettre n’eſtoit point de Clelie, & que le luy diſant fort ſerieuſement, il le croiroit, & ne le preſſeroit plus de la luy montrer : mais il en arriua autrement : car Horace redoublant alors ſes prieres, & les redoublant auec empreſſement, il luy perſuada qu’il ſoubçonnoit quelque choſe de ſa paſſion. Si bien que craignant extrémement qu’il la ſçeuſt, de peur qu’il ne la fiſt ſçauoir à Clelius, auec qui il auoit vne liaiſon tres eſtroite ; il ſe reſolut à luy montrer la Lettre de Fenice, & à luy faire vne fauſſe confidence en la luy montrant, afin