Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/75

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i’ay aimé Clelie depuis le premier moment que ie la vy à Carthage : & vous deuez le commencement de l’amitié que i’ay pour vous, à l’amour que i’ay euë pour elle : puis qu’il eſt vray que ie ne cherchay d’abord à vous connoiſtre, que parce que ie iugeois que ſi ie pouuois aquerir voſtre eſtime, vous luy diriez du bien de moy, & me rendriez office aupres d’elle. Aronce entendant parler Adherbal de cette ſorte, fut ſi ſurpris de trouuer vn nouueau Riual en la perſonne d’vn Prince qu’il croyoit n’eſtre que ſon Amy, qu’il ne pût empeſcher qu’il ne paruſt quelque changemét ſur ſon viſage. De ſorte qu’Adherbal qui ne ſçauoit point qu’Aróce aimoit Clelie, crût qu’il eſtoit fâché de ce qu’il attribuoit l’amitié qu’il auoit pour luy, à l’amour qu’il auoit pour cette admirable Fille : ſi bien que reprenant obligeamment la parole ; ce n’eſt pas, pourſuiuit-il,