Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/224

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admirables, qui coiffent toute leur tête d’un casque fulgurant, ne la reconnaissent et ne la désirent que lorsqu’elle plane dans l’azur. Chaque jour, de onze heures à trois heures, quand la lumière est dans tout son éclat, et surtout lorsque midi déploie jusqu’aux confins du ciel ses grandes ailes bleues pour attiser les flammes du soleil, leur horde empanachée se précipite à la recherche de l’épouse plus royale et plus inespérée qu’en aucune légende de princesse inaccessible, puisque vingt ou trente tribus l’environnent, accourues de toutes les cités d’alentour, pour lui faire un cortège de plus de dix mille prétendants, et que parmi ces mille, un seul sera choisi, pour un baiser unique d’une seule minute, qui le mariera à la mort en même temps qu’au bonheur, tandis que tous les autres voleront inutiles autour du couple enlacé, et périront bientôt sans revoir l’apparition prestigieuse et fatale.

II

Je n’exagère pas cette surprenante et folle prodigalité de la nature. Dans les meilleures ruches on compte d’habitude quatre ou cinq