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XII

« Asseyons-nous sur ces gerbes, poursuivit-il, et regardons encore. Ne rejetons aucun des petits faits qui forment la réalité que j’ai dite. Laissons-les s’éloigner d’eux-mêmes dans l’espace. Ils encombrent le premier plan, mais il faut reconnaître qu’il y a derrière eux une grande force bien admirable qui maintient tout l’ensemble. Le maintient-elle seulement, ne l’élève-t-elle pas ? Ces hommes que nous voyons ne sont plus tout à fait les animaux farouches de La Bruyère “qui avaient comme une voix articulée, et se retiraient la nuit dans des tanières, où ils vivaient de pain noir, d’eau et de racines…”

« La race me direz-vous, est moins forte et moins saine, c’est possible ; l’alcool et l’autre fléau sont des accidents que l’humanité doit dépasser, peut-être des épreuves dont tels de nos organes, les organes nerveux par exemple, tireront bénéfice, car régulièrement nous voyons la vie profiter des maux qu’elle surmonte. Au surplus, un rien, qu’on peut trouver demain, suffira à les rendre inoffensifs. Ce