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OÙ PROCOPE REPARAÎT

vous. Nous nous moquons pas mal de vous, croyez-le bien. Nous saurons le trouver sans vous, ce trésor ! ajoutai-je d’une voix pleine de dignité.

« — Naturellement, s’écria Procope. maintenant que j’ai une entorse ! »

« Enfin, j’ajoutai que je ne comprenais rien à toutes ses calembredaines, que nous lui avions porté secours lors de son accident sur la route de Dol, mais qu’aujourd’hui il s’en retournerait comme il le pourrait au Puy, car je ne m’occuperais certainement pas de l’aider. Pendant ces explications, ses deux élèves se tenaient cois devant lui avec un air terrorisé, sans prononcer une parole. Je tournai le dos à Procope et ramassai ma bicyclette. Elle avait sa roue faussée ! J’attendis quelques instants. Procope continuait ses discours : « Pourquoi êtes-vous venus au Puy ? Pourquoi pensez-vous que le trésor est ici et que M. Toupie demeure dans les environs ? »

— Il demeure ici ? s’écrièrent d’une seule voix Colette et Élisabeth.

— Attendez. Sans même me retourner, je répondis : « Comme vous êtes aimable de me donner ce renseignement, car j’ignorais complètement le fait. Au surplus, je ne perdrai pas mon temps à vous expliquer pourquoi nous sommes ici plutôt qu’ailleurs. Je n’ai qu’une chose à vous dire : je vous prie de vous mêler de ce qui vous regarde ! » Au ton de sa voix, j’avais compris à quel point il enrageait.


arthur roula par terre.

« — Allons, cria-t-il rudement, Gaston, arrêtez la première voiture qui passera, afin que l’on me transporte au Puy ; ma cheville me fait horriblement mal — Permettez encore, lui dis-je d’un air narquois, je veux rentrer ce soir au Puy et c’est moi qui arrêterai cette première voiture. »

« Nous vîmes d’abord passer une charrette de paille traînée par deux bœufs. Mais Procope n’interpella pas les paysans qui l’escortaient ; moi non plus, du reste. Je m’étais éloigné de quelques pas, évitant d’être trop près de ce personnage énigmatique. Bientôt, un neige de poussière s’éleva au loin : je saisis mon sifflet et, imitant la manière des agents de police de Paris, je fis entendre un sifflement prolongé pour faire arrêter l’automobile.

— Brave Arthur ! Bonne idée !

— L’auto s’arrête, je m’avance. Il n’y avait qu’un voyageur dans la voiture. J’explique mon cas, Puis, tout bas, j’ajoute (Procope ne pouvait pas m’entendre) : « Emmenez ce voyageur, il a une entorse. »

« L’automobiliste me regarda curieusement à travers ses lunettes, puis il dit : « Eh bien ! je vous prends tous les deux et les deux machines. »

« Il descend et il va vers Procope : « Voulez-vous profiter de ma voiture ? Vous avez l’air de souffrir ? — Oui, répond d’un air rogue notre adversaire, mais vous emmènerez aussi ces deux jeunes garçons : je ne m’en sépare jamais. — Impossible, répond l’automobiliste, car je ne peux charger ma voiture de quatre voyageurs et de quatre bicyclettes. — Alors, je reste, dit Procope.

« Moi, je riais sous cape, j’avais une idée. Quand je vis qu’on n’en sortait pas, je pris un ton important en me redressant : « Monsieur, il y a là un blessé, mettez-le dans votre voiture : prenez le plus jeune des garçons, le jeune Doudou, et accrochez deux machines derrière votre auto ; moi et le dénommé Gaston nous rentrerons au Puy sur les bicyclettes intactes. — Voilà qui est parlé, s’écria l’automobiliste, vous êtes très ingénieux… Monsieur, ajouta-t-il en s’adressant à Procope, je vais vous aider à vous hisser sur le siège. »

« Le chauffeur prit Procope par les épaules, l’installa sur les coussins puis enleva Doudou comme une plume pour le mettre à côté de lui, et attacha en un tour de main les bicyclettes derrière la voiture. Pendant que je l’aidais dans cette installation, Procope avait